La crise sanitaire que notre institution vient de traverser a mis en lumière les manques criants de l’Education nationale en matière d’hygiène et de santé au travail. Après l’urgence d’une situation inédite, c’est aussi un manque de fond qui explique l’ampleur des difficultés que nos écoles ont rencontrées… Parce que notre santé est plus importante que leurs budgets, le SNCL s'engage.
Depuis des décennies, la fonction publique est à la peine en matière de santé au travail. Avec une visite médicale par carrière, notre santé est négligée pour des économies de court terme, en oubliant le surcoût à long terme de ce déni.
QUELQUES CHIFFRES
En 2011 déjà (enquête MGEN), 24 % des personnels de l’EN se trouvaient "en état de tension" au travail, 14 % "en épuisement professionnel", dont 7% souffraient en outre de tendances dépressives. Ce taux est deux fois supérieur à la moyenne nationale si on observe les seuls stagiaires.
Le taux de démission des enseignants a augmenté de 50% entre 2012 et 2016 et ne cesse de croitre. Dans le même temps, des suicides de personnels de l’éducation ont pris des formes de plus en plus marquantes et violentes. Celui de Christine Renon est dans toutes les mémoires.
PROF : FACTEUR DE RISQUE AGGRAVANT…
La crise du COVID-19 a révélé des lacunes qui seraient jugées insupportables dans le secteur privé : promiscuité des espaces au travail (salle de classes trois fois trop petites), engendrant CO2 et polluants concentrés, poussières, stress… Des conditions de luminosité, d’acoustique et de ventilation qui ne respectent pas non plus les normes en vigueur. Du seul point de vue sonore, une ambiance de classe « calme » représente un niveau moyen de 65 décibels, soit 10 de plus que ce qui est préconisé en travail de bureau. S’y ajoutent le non-respect des temps de pause et l’insalubrité de sanitaires insuffisants et mal entretenus, hérités des années 80 et mis à si rude épreuve dans la crise covid.
DANGERS ET PATHOLOGIES SPÉCIFIQUES
Contre les idées reçues, les enseignants font preuve d’un présentéisme supérieur à la moyenne des fonctionnaires, malgré un moins bon état de santé : ils sont donc plus nombreux à se rendre au travail alors que leur état ne devrait pas le permettre. Ils en minorent aussi l’impact en recourant au temps partiel, au départ en retraite anticipé ou à la démission.
Situation injuste où les travailleurs supportent les conséquences d’une négligence imputable à leur employeur. La dimension d’inattendu dans les fonctions et l’impossibilité de retrait immédiat engendrent un stress au travail qui, couplé aux injonctions contradictoires de la hiérarchie, peuvent entrainer une forme de résignation ou enfermer les collègues dans un rôle pour « faire face » ou « tenir bon ». Ce travail crée sur le long terme une dissonance émotionnelle propice au développement d’insomnies, aux dérives médicamenteuses ou alcooliques. Enfin, nous sommes bien sûr parmi les corps de métiers les plus exposés aux pathologies très spécifiques de la voix (enrouement, laryngite, aphonie temporaire, dégâts à long terme sur la phonation…), comme aux troublesmusculosquelettiques.
LE COVID-19 a donc peut-être mis à mal nos défenses mais le problème est bien plus large et profond ! Le SNCL s’engage pour tirer les leçons et exige un plan d’ampleur à la hauteur des besoins. Prévention primaire et secondaire, RQTH, postes adaptés : retrouvez toutes nos revendications ici.