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La liberté d'enseigner

La liberté d'enseigner - SNCL

La liberté pédagogique est souvent invoquée pour les enseignants, sans qu'on mesure toujours les raisons profondes de son importance. Le SNCL-FAEN fait le point et s'engage pour la défendre...

L’introduction explicite des termes « liberté pédagogique » dans le code de l’Education (Article L912-1-1) s’est faite relativement récemment (à l’occasion de la loi de 2005), accordant ainsi à la notion une reconnaissance officielle en ces termes :

La liberté pédagogique de l'enseignant s'exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre chargé de l'éducation nationale et dans le cadre du projet d'école ou d'établissement avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d'inspection. Le conseil pédagogique ne peut porter atteinte à cette liberté.

Or, les déclarations régulières du ministre Blanquer, même si elles se veulent bienveillantes, révèlent une philosophie tout à fait incompatible avec cette liberté : « La liberté pédagogique n’a jamais été l’anarchisme pédagogique" a-t-il déclaré. "C’est d’ailleurs beaucoup plus sécurisant d’avancer à la lumière de ce que l’institution a défini, sur la base de la recherche. La clarté libère ». Ces propos sont extrêmement révélateurs de la vision de notre métier qu’entretient notre propre ministère : où l’indépendance ou l’expérimentation sont perçues comme des dangers, ou des obscurités, tandis que l’uniformisation des pratiques « sécurise » et « éclaire ».

Cette vision rejoint un fantasme plus large de notre administration, qui voudrait réduire les professeurs à des fonctionnaires de droit commun, de simples exécutants, des rouages impeccables dans l’application de la volonté de l’Etat : un Etat schizophrène qui ne cesse de vouloir accroitre sa mainmise sur « ce qui se passe dans les classes » d’un côté, tout en démissionnant largement sur d’autres fronts qu’il concède à l’autonomie particulière, ou à l’ingérence du secteur privé.

La liberté pédagogique des enseignants, au contraire, devrait être perçue comme l’expression de l’indépendance et de la neutralité de ces derniers. C’est justement en les laissant libres de toute pression organisée que les enseignants peuvent accomplir parfaitement leur mission, même dans les contextes les plus difficiles. C’est à ce moment que leur statut de fonctionnaire se justifie le plus, pour les préserver des lobbies, des ingérences politiques, des influences locales éthiques ou idéologiques qui tente d’attaquer les contenus des enseignements, en remettant en cause la laïcité ou les valeurs humanistes et positivistes qu’ils sont censés véhiculer.

Si les professeurs d’université sont encore relativement épargnés (bien que le pédagogisme outrancier gagne aussi du terrain désormais en Licence universitaire), les enseignants du second degré voient, année après année, leur liberté grignotée par surcharges de consignes parfois contradictoires. Mais ce sont sans aucun doute les collègues du premier degré qui pâtissent le plus actuellement du zèle dirigiste du ministère (dont le récent petit livre de méthode de M. Blanquer constitue la pire des preuves, allant jusqu’à définir la taille des carreaux des cahiers à utiliser). En vérité, il est même de plus en plus difficile de voir clair entre une volonté ministérielle réelle, ou un simple effet de communication à destination de l’opinion publique… tout ceci sur le dos de nos élèves.

 

Pour défendre notre liberté d’enseigner, retrouvez toutes les revendications du SNCL-FAEN dans notre résolution pédagogique :

http://www.sncl.fr/1/resolution_pedagogique_congres_de_canet_en_roussillon_mai_2016_1370843.html