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Reconnaissance du métier de direction d'école : en progrès

Le Sénat a rendu son raport sur la proposition de loi 2951 visant à créer un emploi fonctionnel pour les agents en charge de la direction de nos écoles. Le SNCL fait le point avec vous.

Le rapport du Sénat rendu ce 3 juin 2020 met en avant les difficultés rencontrées depuis des années par les directeurs d’école : c'est un rapport qui a le mérite d’écrire noir sur blanc la détresse de nombre de directeurs et directrices. Il souligne la multiplication des tâches confiées, le manque de temps pour les réaliser et la surcharge de travail quotidienne. 60% des directeurs d’école sont en burn-out. Près de 27000 directeurs sont en détresse au quotidien et 9000 d'entre eux relèvent du burn-out clinique : résultat d’un manque de reconnaissance de leur travail et d’un accroissement des tâches qui leur sont confiées….Toujours plus de responsabilités mais aucune aide pour les assumer. Les directeurs souffrent et désormais ils le disent !

Le rapport de Sénat vise à prendre en compte enfin la spécificité du métier L'agent assume en même temps le travail de direction et, pour le plus grand nombre, celui de professeur des écoles. Cette reconnaissance du double métier qui lui incombe est aujourd’hui indispensable.

Pour le SNCL, plusieurs propositions vont ici dans le bon sens : l’augmentation du temps de décharge qui est absolument nécessaire puisque tous les directeurs sont mobilisés à 100% et consacrent en moyenne 21h par semaine aux tâches de direction, la création d’un référent « direction d’école » à la DSDEN qui montre une véritable prise en compte de la fonction, la formation spécifique et continue des directeurs, la suppression des heures d’APC pour tous les directeurs et la reconnaissance du métier en matière d’avancement de carrière et de rémunération.

 

Qu'est-ce qu'un emploi fonctionnel ? 

 

Dans ce rapport, il est préconisé la création d’un emploi fonctionnel. Ceci implique un co-pilotage et une co-responsabilité avec les IEN. Actuellement, les directeurs doivent assumer beaucoup de responsabilités mais sans avoir bien souvent leur mot à dire sur la mise en œuvre. Pendant la crise du COVID 19, les directeurs ont été en première ligne pour gérer le retour à l’école. Ils ont tout organisé mais sans rien pouvoir décider seuls. Pourtant ils ont prouvé qu’ils étaient capables de gérer la mise en œuvre du protocole sanitaire et d’assurer le retour des élèves en toute sécurité tout en assurant la classe et le distanciel. Le rapport du Sénat le dit : « la crise sanitaire de Covid-19 a démontré le rôle essentiel joué par les directeurs (…). Ils ont été amenés (…) à agir comme de véritables chefs d’établissements ». Il faut donc définir précisément les missions des directeurs et le pouvoir décisionnel qui doit leur être reconnu et donné. On ne peut pas continuellement rajouter des responsabilités aux directeurs sans leur donner les moyens juridiques, administratifs et horaires de pouvoir les mettre en œuvre au quotidien dans leurs écoles. L’emploi fonctionnel apparait alors comme un compromis, une amorce de prise de conscience… Mais suffira-t-il à asseoir l’autorité du directeur d’école et à lui donner l’autonomie nécessaire pour mener à bien ses missions ? Le directeur pourra-t-il enfin être décisionnaire dans les domaines qui impliquent sa responsabilité ? Pour le SNCL, certaines choses restent à conforter : ainsi l’obligation de mobilité de l’emploi fonctionnel n’est pas souhaitable pour un poste qui demande justement une bonne connaissance du terrain et une stabilité pour l’équipe en place dans l’école. L'emploi fonctionnel peut permettre la mise en place de tout cela, sans transformer le directeur d'école en supérieur hiérarchique. L'esprit collégial qui caractérise le travail des équipes pédagogiques dans les écoles est ainsi préservé. 

 

Plus de temps de décharge pour tous

 

Le rapport du Sénat préconise aussi d’augmenter la décharge des écoles de 4 à 7 classes (passant d’1/4 à 1/3 de décharge), celles de 8 à 12 classes (passant de 1/3 à ½ décharge). Cette proposition est une façon de reconnaître que les directeurs manquent cruellement de temps pour faire leur travail. Pour le SNCL, même si ceci sera un mieux, il est essentiel d’aller encore plus loin et de demander une reconnaissance du travail des directeurs quelle que soit la taille de l’école. Certaines tâches sont les mêmes dans une école de 2 classes et dans une école de 15 classes. Les directeurs d’école de 1 classe bénéficient de 4 jours fractionnables de décharge dans l’année, ceux de 2 et 3 classes de 10 jours fractionnables. Ce n’est pas suffisant et ne permet pas toujours la réactivité nécessaire. Ces directeurs doivent pouvoir bénéficier d’un jour de décharge par semaine pour voir leur travail reconnu et avoir enfin du temps pour accomplir la part administrative de leur métier.

Tout le monde s’accorde à dire que ce statu quo sur la direction d’école n’est plus possible. Le rôle essentiel des directeurs a été démontré de nombreuses fois ces dernières années et tout particulièrement ces dernières semaines avec la gestion du confinement puis de la réouverture des établissements. Les directeurs demandent une reconnaissance de leur travail, une définition claire de leurs missions, du temps de décharge suffisant pour assurer à la fois leur rôle d’enseignant et leurs tâches de direction, une bonification indiciaire (et pas une aumône) quelle que soit la taille de leur école et surtout des moyens juridiques leur permettant d’être décisionnaires dans les actions qui engagent leurs responsabilités.

 

ALLER PLUS LOIN : le SNCL demande la création des CCP direction d'école

 

La gestion des personnels de chaque corps de fonctionnaire (ayant un statut) est contrôlée dans des CAP (commissions paritaires nationales et/ou académiques ou départementales). Pour les emplois fonctionnels, les choses sont un peu différentes. Pour les plus importants, les plus denses (directeurs d'EREA par exemple), il existe des CCP (ou Commissions Consultatives Paritaires) équivalent des CAP pour les emplois fonctionnels qui ne disposent pas de statut propre. 

À ce titre, la création d'une CCP propre aux directeurs et directrices d'école apparait comme indispensable. En plus des mutations des collègues, cette commission pourrait être saisie des listes d'aptitude, des congés formation et des avancements de carrière. 

Ce seraient alors des directeurs seuls et élus par leurs pairs qui donneraient un avis sur la carrière des directeurs. 

 

 

LOI 2951 : et maintenant ?

 

Après avoir reçu 149 propositions d'amendements, le texte est aujourd'hui 17 juin en cours d'examen à l'Assemblée nationale. Les compte-rendus d'examen devraient être disponibles dans les prochaines heures ou prochains jours. Abonnez-vous à nos réseaux sociaux pour rester informés : 

 

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