
La violence et l’agressivité augmentent dans la société et cela se ressent aussi dans les écoles. En témoigne l’augmentation des demandes de protection fonctionnelle chez les professeurs des écoles et plus particulièrement les directeurs.
La protection fonctionnelle est accordée par l’administration publique notamment pour protéger ses agents en cas d’agression morale, physique ou de harcèlement. Ces demandes ont été multipliées par 3 entre 2020 et 2024 passant de 2 218 à 6 406 demandes selon les données du ministère.
En 2024, les directeurs d’école sont les principaux demandeurs de protection fonctionnelle avec 40 % des demandes. Les autres demandeurs sont majoritairement des personnels du secondaire, des AED et des AESH.
Dans quasiment 90 % des cas, la protection fonctionnelle est déclenchée en réponse aux atteintes à l’intégrité de l’agent c’est-à-dire les atteintes morales telles que diffamation, menaces, injures publiques, outrages pour 74,8 % des cas, les atteintes physiques (8 %), les actes de harcèlement (10,5 %) et d’autres types d’atteintes volontaires à l’intégrité (6,7 %).
À noter que les actes malveillants à l’égard du corps enseignant se sont multipliés en 4 ans : atteintes morales multipliées par 3, actes d’harcèlement multipliés par 3,5 et atteintes physiques multipliées par 2. Dans la moitié des cas, ce sont les représentants légaux qui commettent les faits.
La protection fonctionnelle est la prise en charge des frais de justice de l’agent qui porte plainte ou la prise en charge directe de la défense de l’agent.
Dans les faits, les agressions verbales et physiques explosent. Dans le 1er degré, la proximité avec les parents d’élèves qui peuvent facilement confronter les enseignants au portail de l’école facilite les violences.
Les directeurs quant à eux sont en première ligne puisqu’ils reçoivent les familles et peuvent se retrouver pris à partie par des parents mécontents. Si la protection fonctionnelle est accordée dans la majorité des cas, c’est la réaction première sur le terrain de la part des inspecteurs de l’Éducation nationale qui manque la plupart du temps.
En effet, lorsqu’une famille agresse verbalement, menace et injurie un directeur d’école qui ne fait qu’appliquer les règles édictées par le ministère, il serait logique que l’IEN intervienne pour rétablir les faits et asseoir ainsi son autorité. Mais à ce jour, le manque de réaction de la hiérarchie ne permet pas aux directeurs et aux professeurs des écoles de se sentir soutenus lorsqu’ils sont victimes. Il n’est pas toujours facile pour la victime de porter plainte et bien souvent cette dernière se sent seule.
Dans le 1er degré, un parent injurieux pourra se retrouver à la sortie de l’école le lendemain sans problème et l’enseignant victime devra supporter sa présence tous les jours.
Le SNCL souhaite qu’en cas d’agression d’un agent, l’IEN de la circonscription soit tenu d’intervenir auprès des parents auteurs des faits ou de la famille de l’auteur des faits si ce dernier est un mineur. Une convocation formelle du parent agresseur permettrait de montrer qu’on ne peut pas tout se permettre au sein d’une école et ce recadrage permettrait aux directeurs et enseignants de sentir qu’ils sont soutenus par leur hiérarchie.
Le ministère dit souhaiter revaloriser les professeurs et asseoir leur autorité mais comment cela pourrait-il être possible si les supérieurs hiérarchiques directs ne montrent pas aux familles et aux élèves qu’ils sont présents et qu’ils soutiennent leurs collègues ? Comment un directeur d’école ne faisant que son devoir peut-il être insulté sans que son supérieur hiérarchique n’intervienne auprès de la famille ?
Cette dernière peut alors se sentir en position de force et revenir à l'école encore plus insistante, par cette conviction. Comment cette même famille peut-elle véhiculer autre chose que de l’agressivité et du mépris des enseignants lorsqu’elle agit ainsi devant ses enfants et qu’aucune sanction de la part de l’école ne lui est imposée ?
Le SNCL souhaiterait qu’un protocole soit rédigé en concertation avec les IEN afin qu’une véritable réaction institutionnelle soit prévue en cas d’agression d’un professeur des écoles ou d’un directeur. Dans tous les cas, le SNCL encourage les enseignants et directeurs à toujours être accompagnés lorsqu’ils reçoivent des familles afin d’éviter d’être seuls lors des rendez-vous programmés. L’école doit être un lieu de paix et de sérénité et seul un rétablissement de l’autorité et du respect des professeurs passant par un soutien sans faille de la hiérarchie permettra de retrouver un climat serein dans les écoles.
Si vous êtes ou avez été victime d'une telle situation, ne restez pas isolés et contactez-nous : communication@sncl.fr