Toutes les équipes éducatives ont dû brutalement se réorganiser pour faire face à cette demande. L’expérience du premier confinement et les mois d’été n’ayant absolument pas été mis à profit par le ministère pour préparer ce second temps de l’épidémie (au scénario pourtant probable), c’est à nouveau la débrouille locale et principalement les enseignants qui vont devoir tenir leurs écoles à bout de bras.
L’ironie de la situation est grande après les mois de printemps passés à subir dénigrements et autres prof-bashing : c’est au tour de l’Education nationale de révéler, comme la fonction hospitalière avant elle, que les fermetures de postes, de classes, d’infirmières scolaires, d’assistants informatiques accumulées pendant des années finissent par se payer un jour, pour un coût financier et humain autrement plus élevé que les quelques économies que les uns et les autres se sont enorgueilli d’avoir réalisées par le passé.
Pas plus qu’en mai, les professeurs ne seront des « tire-au-flanc » cette fois-ci en novembre. Ils font leur maximum pour tenir bon, au prix de leur propre santé : ce vendredi 6 novembre, selon les chiffres officiels, 3 528 élèves et 1 165 personnels de l’Education nationale étaient contaminés par le virus. A la mi-octobre, les contaminations étaient aux alentours de 1 700 élèves et 440 personnels par jour. C’est un nombre de plus en plus grand de personnes qui vont payer le manque de courage ministériel au prix de leur santé, à court terme mais aussi à long terme, puisque nous découvrons que les séquelles des contaminations au covid-19 prennent des formes très diverses à tous les niveaux de l’organisme, parfois invisibles dans un premier temps.
Dans ce contexte, le ministère a encore une fois manqué de courage et refuse de prendre ses responsabilités. Ce sont donc les proviseurs aujourd’hui, les chefs d’établissement et les directeurs d’école demain qui devront pallier les manquements de leur ministre de tutelle. Face à l’emballement des courbes statistiques, la question n’est plus de savoir si les écoles fermeront, mais quand. L’amertume est grande au sein du corps enseignant qui de façon autonome avait pourtant commencé à développer des solutions alternatives pour répondre à ces problématiques : des solutions qui n’ont été ni encouragées ni confortées, ce qui aujourd’hui va conduire à la fermeture d’établissements qui auraient pu continuer plus longtemps leur travail. Le déni ne fait qu’empirer les choses, et c’est encore une fois les élèves les plus en besoin d’apprendre qui seront pénalisés.
10 novembre : un sursaut ou jamais
La grève de demain répond donc à un appel au sursaut général. Les revendications les plus importantes tiennent moins dans des réponses à nos demandes historiques (pourtant toujours aussi capitales) en termes de recrutement, de pouvoir d’achat, de financement public. Il s’agit vraiment de répondre à l’urgence avec des demandes concrètes applicables dès cette semaine afin d’endiguer le développement de l’épidémie en milieu scolaire et gagner quelques précieuses semaines de travail avec nos élèves : accueil alterné des élèves dans le premier degré en fonction des disponibilités des enseignants, allègement des emplois du temps en collège, priorisation des enseignements de soutien pour les élèves constatés en décrochage numérique en mai dernier, aide à l’équipement des personnels en charge du suivi pédagogique à distance, etc.
Nous manifestons avant tout pour obtenir les moyens d’accomplir notre mission sans nuire à la santé et à la sécurité des enfants qui nous sont confiés. Nous y sommes autorisés par le décret n° 2020-1262 du 16 octobre 2020. Tous ensemble mardi 10 novembre !
Le lien du décret : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042430554
(Il est conseillé de vérifier que la manifestation à laquelle vous allez participer a bien été déclarée et autorisée par la préfecture de votre territoire. Vous pouvez également rédiger sur papier libre un document dérogatoire mentionnant la manifestation et rappelant les références du décret ci-dessus, à présenter en cas de contrôle).