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Zoom, Discord, Whatsapp : RGPD ou système D ?

Zoom, Discord, Whatsapp : RGPD ou système D ? - SNCL

RGPD ou système D, le ministère doit trancher ! Profitant du flou ambiant sur la question, M. Blanquer se refuse hélas à donner des consignes pourtant indispensables pour les collègues dans leurs pratiques pédagogiques à distance...

Petit rappel : le RGPD, qu'est-ce que c'est ? 

Le Règlement Général sur la Protection des données est encadré par la CNIL, un organisme national de surveillance des libertés informatiques. Ce règlement vise à protéger les données personnelles des individus dans leurs échanges numériques, en disciplinant les pratiques professionnelles dans tous les secteurs d'activités, publics ou privés, sur le territoire.

 

Quel rapport avec le covid-19 ?

En confrontant des centaines de milliers d'enseignants au défi immense de maintenir un lien pédagogique à distance avec leurs élèves, le confinement induit par le covid-19 a fait apparaitre des problématiques inédites en termes d'enseignement via les outils numériques. Comment contacter un élève, comment échanger avec lui de façon sécurisée et efficace ? Comme partager des documents, comment effectuer des évaluations nominatives en ligne ? etc. Or, ce n'est un secret pour personne, l'Education nationale est extrêmement en retard et sous-dotée en termes d'équipement informatique et de formation de ses agents à leur bon usage (voir aussi notre article : combien de temps encore utiliserons-nous notre matériel personnel ?)

 

Les dangers du télétravail enseignant

Dès le début du confinement, les enseignants ont dû improviser pour relever avec brio les défis imposés par le gouvernement. Sans formation initiale, et la plupart du temps sans moyen, au prix de nombreuses heures de travail supplémentaire et d'autoformation bénévole, ils ont réussi à établir un lien à distance avec des dizaines d'élèves chacun. Ils n'ont pu le faire le plus souvent qu'en improvisant et en se basant sur les outils qu'ils connaissent déjà assez bien, c'est-à-dire les applications et les plateformes qu'ils utilisent par ailleurs au quotidien, le plus souvent dans le cadre d'un usage privé. Zoom, Skype, Discord, Whatsapp, autant de noms d'applications intégrées dans nos téléphones ou nos tablettes que les élèves connaissent et maitrisent aussi le plus souvent... La tentation était grande évidemment de recourir à ces applications pour apporter une solution au problème. D'autant plus qu'à l'heure actuelle, il s'agit parfois de la seule solution fonctionnelle. 

Malheureusement, l'usage de ces applications n'est pas neutre quant au partage de données personnelles. Peu de collègues savent que l'utilisation d'une application mobile de type Whatsapp depuis un téléphone personnel expose tout le carnet d'adresses de ce téléphone, en plus de leur propre numéro. Installer une application de type Discord depuis un ordinateur expose également toutes les données personnelles. Des phénomènes viraux (numériques cette fois-ci) ne manqueront pas de découler de ces expositions dangereuses (récupération de listes, arnaques de type phishing ou hameçonage, vagues de SMS publicitaires, faux courriels et chaines de messages indésirables...).  Au-delà de ces phénomènes, les enseignants sont aussi enjoints par leur direction de contacter leurs élèves par téléphone. Or dans la pratique, il est souvent très difficile de joindre des parents en appelant avec un numéro masqué... ce qui amène beaucoup d'enseignants à exposer leurs numéros personnels à un grand nombre de parents, chose pas toujours confortable. 

 

Un silence ministériel de plus en plus gênant

M. Blanquer ne prend pas position sur la question et laisse les recteurs décider à sa place. Sans surprise, les réactions divergent autant qu'il y a d'académies : applications interdites à Besançon, tolérées à Reims, encouragées à Toulouse...

Le SNCL demande à ce que le ministère sorte enfin de son silence embarrassé et prenne position, soit en dédouanant les enseignants des préconisations de la CNIL et en les laissant libres d'user de tous les moyens disponibles dans l'urgence, soit en établissant une liste claire des outils autorisés, ceci afin de les protéger à court terme dans l'exposition de leurs données personnelles, mais aussi à plus long terme sur le plan juridique.