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Lycée : mais que reste-t-il des réformes Blanquer ?

Lycée : mais que reste-t-il des réformes Blanquer ? - SNCL

Le nouveau Ministre a pris acte : les réformes du lycée entreprises par l'ancien Ministre Blanquer sont un échec ! Mais les nouvelles modifications ne résolvent pas les tensions concernant le contrôle continu. 

Mises en œuvre dans l’urgence, sans étude d’impact sur le terrain et sans accompagnement des personnels, les réformes Blanquer, déjà maintes fois « réformées » ne donnent satisfaction à personne.

Le SNCL avait pourtant alerté les services ministériels sur les effets délétères de cette mise en place trop rapide et du manque de recul sur des changements considérables que ces réformes allaient engendrer. Mal comprises par les élèves et leurs familles, remises en cause sur le terrain par les personnels de plus en plus confrontés à des pressions permanentes tant des élèves que de leurs parents, les réformes ont dû être modifiées à plusieurs reprises, créant ainsi encore davantage de confusion et d'incompréhension.

Des changements continus ont été décidés constituant autant de rustines à des moments inattendus (retour des maths en mai 2022 après les répartitions de dotation horaire globale-DHG, suppression des E3C puis des EC, disparition du Plan Local d’Evaluation censé harmoniser les pratiques, etc.).

La décision du nouveau Ministre Gabriel Attal de modifier encore une fois ces réformes confirme l’échec de ce chantier. Ses paroles sont éloquentes lorsqu'il rappelle que « quand une organisation ne fonctionne pas, il faut avoir le courage de la faire évoluer. »

Le SNCL se félicite de cette prise de conscience et du courage politique de reconnaître les erreurs mais il met en avant le fait qu'il n’est plus possible de poursuivre avec des changements continuels et des incertitudes constantes : cela déstabilise les personnels et engendre une perte de confiance et d'efficacité. Les professeurs des lycées se demandent quelle sera la nouvelle modification et le nouveau changement de calendrier !

En l'état, Gabriel Attal a confirmé ce que le SNCL avait demandé depuis plusieurs mois : le déplacement des épreuves de spécialités de mars à juin de façon à pouvoir terminer les programmes sereinement et conserver la motivation et l'implication des élèves jusqu'en juillet.

Voici donc l’organisation des épreuves pour le baccalauréat 2024 comme annoncé par notre nouveau Ministre dans son courrier du 28 septembre 2023 :

 - Elles débuteront avec l’épreuve écrite anticipée de français le vendredi 14 juin en classe de première.

 - Puis se dérouleront les épreuves de philosophie ainsi que les épreuves de spécialités respectivement les 18, 19, 20 et 21 juin.

 - L’épreuve orale anticipée de français en première se déroulera du 24 juin au 5 juillet et le Grand oral du 24 juin au 3 juillet.

 - L’harmonisation et les délibérations seront conduites les 4 et 5 juillet et les résultats seront publiés le 8 juillet.

Le Ministre entend ainsi « reconquérir » le mois de juin car les notes et résultats ne seront connus que début juillet ce qui évitera une démobilisation dès le mois de mars comme ce fut le cas en 2023.

Il n'en a pour autant pas oublié les élèves de seconde qui devront effectuer un stage de deux semaines en entreprise, dans une association ou un service public, du 17 au 28 juin 2024. Ce stage visera à approfondir leur découverte des métiers, à mieux préparer et affermir leurs choix d’orientation.

On imagine déjà la difficulté pour les élèves et leurs parents de trouver une entreprise d'accueil pour une durée de 15 jours en début d'été ! Que vont faire ceux qui n'en trouveront pas ? Question qui reste sans réponse pour le moment …

Il ne reste plus que le contrôle continu qui représente 40 % de la note finale et le Grand oral, grand rescapé de la refonte de la réforme !

Avec des épreuves de spécialités passées en juin, impossible de prendre en compte les notes obtenues pour l'orientation Parcoursup… Encore un pan de la réforme qui s'effondre, renforçant le poids du contrôle continu dans l'orientation des élèves et, avec lui, les pressions exercées par les élèves et leurs familles !

En effet chaque note obtenue durant l'année devient certificative et le stress monte chez les élèves sérieux alors que d'autres jouent l'évitement pour ne pas obtenir une trop mauvaise moyenne. Encore un effet pervers que le SNCL avait pourtant dénoncé lors de la mise en place de ce nouveau système !

L'ambiance devient pesante lors de la publication des notes et certains élèves ont l'impression de passer le bac à chaque évaluation. N'oublions pas le rôle prépondérant de l'évaluation formative dans le processus d'apprentissage. Il est fort regrettable que toute évaluation devienne sommative.

Il faut reconnaître que le contrôle continu est générateur de stress et représente clairement une source d'angoisse pour les élèves soucieux de décrocher l'orientation souhaitée en fin d’année. D'ailleurs, sur le terrain on constate une augmentation du mal-être, voire de la souffrance psychologique des lycéens.

Rappelons que l'introduction du contrôle continu avait pour objectif de « valoriser le travail régulier des élèves ». En réalité, il n'est pas une source de motivation, bien au contraire il est à l'origine de l'absentéisme des élèves lors des devoirs sur table. Il est également source de tension avec les élèves qui viennent contester les notes.

L'évaluation est devenue une véritable course à la note, à la bonne note, quitte à exercer des pressions sur les enseignants, et les moyennes de classe s'envolent dans certaines matières. Des collègues n'hésitent plus à évaluer avec une extrême « bienveillance » afin de ne pas pénaliser leurs élèves : il n'est plus rare de trouver des moyennes de classe à 16 voire 18 sur 20 !

Quelle valeur donner à ces notes dans ce contexte inflationniste ? Et comment demeurer dans la mesure et rester juste tout en étant bienveillant ? Encore un défi que les professeurs de lycées vont devoir relever...seuls et sans soutien !