Parmi les nombreux renoncements constatés, il en fut un de taille cette année : celui à la neutralité et à la laïcité de l'enseignement. C'est ainsi que de nombreux collègues ont été convoqués pour faire passer les oraux du baccalauréat dans des établissements privés ; une proportion bien supérieure à la normale (et au nécessaire), tant le ministère craignait des actions de grève, de blocage ou de boycott de la part des équipes des lycées publics... C'est aussi la raison pour laquelle de nombreux collègues enseignant en collège depuis longtemps, voire depuis toujours, se sont vu convoqués pour ces mêmes oraux, parfois pour la première fois de leur déjà longue carrière !
Problème, cette organisation défensive fut faite à la hâte. Les chefs d'examens, parfois les candidats eux-mêmes, ont ignoré jusqu'au dernier moment leur lieu et leur heure de passage. Des jurys se sont ainsi installés dans des salles arborant des crucifix ou autres signes religieux. Alertés, les proviseurs en charge des établissements concernés n'ont pas toujours accepté de les retirer le temps des épreuves... Quant aux collègues, ils avaient peut-être en mémoire le cas du professeur de l'académie de Rennes qui, en 2010, s'était vu infliger une retenue sur salaire pour avoir refusé d'organiser les oraux sous le regard de Jésus...
Plus grave encore, dans l'académie de Lyon, c'est l'inspection elle-même qui a écrit à l'ensemble des collègues convoqués pour leur demander de bien vouloir accepter les candidats présentant des signes religieux ostensibles ! Ainsi kippa, voile, turban et croix ont été ouvertement portés par des lycéens pendant l'examen national... La fermeté affichée un temps par le gouvernement a déjà fait long feu et preuve est faite, s'il fallait, que les mots ayant suivi l'assassinat de Samuel Paty étaient creux.
Comment croire, dans ces conditions, à la volonté de l'État de lutter contre le séparatisme qui divise nos institutions ? La loi dite "confortant les principes républicains" ne serait-elle qu'une agitation de plus ? Quel autre drame faudra-t-il pour qu'enfin l'ampleur des menaces qui pèsent sur notre école républicaine soit reconnue ?
Le SNCL n'attend plus après les pouvoirs publics en la matière : réuni avec les autres syndicats de sa fédération lors du congrès fédéral de la FAEN, il est signataire d'une motion revendicative spéciale consacrée à la défense de la laïcité, qui sera rendue publique très prochainement.
Vous pouvez d'ores et déjà retrouver l'analyse historique et l'ensemble du plan revendicatif proposé au premier ministre et au Président de la République par le SNCL dans son numéro hors-série spécial laicité, téléchargeable gratuitement en ligne ici :