C'est la stupeur et la colère qui ont majoritairement saisi les candidats aux concours internes du CAPES et de l'agrégation pour cette session 2020, suite aux annonces du ministre visant à aménager les recrutements dans le contexte de la crise sanitaire actuelle.
Ces annonces s'ajoutent à un contexte déjà très difficile pour ces candidats, qui ont déjà vu en cours de route leurs cours de préparation et de formation annulés un par un par les différentes universités, et leurs lieux de travail et de recherches (bibliothèques municipales ou universitaires) fermés depuis mars suite à l'épidémie de covid-19.
Une préparation au concours rendue aussi très complexe par la situation particulière de ces candidats souvent déjà enseignants (capétiens, maitres auxilaires, contractuels...) et qui, en tant que tels, sont la plupart du temps aussi en charge de classes cette année, parfois avec des heures supplémentaires ou en poste sur plusieurs établissements. Des classes qu'ils doivent bien sûr continuer d'accompagner à distance pendant le confinement, comme tous les autres enseignants, tout en préparant leurs futures épreuves orales...
C'est alors que les candidats ont appris la décision de M. Blanquer de supprimer les oraux pour les candidats aux concours externes n'aynt pas passé l'écrit, et de les maintenir en juillet pour ceux disposant déjà d'un écrit et retenus, alors que pour les admissibles aux concours internes, ces oraux seraient repoussés... en septembre 2020 !
Au-delà de la date, c'est la différence de traitement entre les deux voies de recrutement qui a immédiatement suscité un sentiment d'injustice. En effet, pour le ministère, les admissibles internes ne posant pas de problème d'employabilité dépendante du résultat du concours puisqu'ils sont déjà en poste, il a paru plus simple de repousser les épreuves orales et d'ainsi alléger quelque peu la tâche future des jurys qui, en juillet, seront convoqués pour statuer sur le sort de beaucoup d'autres candidats. Pour les concernés, cette décision est insupportable : un sentiment de ne pas être valeur comptable, voire même d'être méprisés par l'administration.
Le choix du report en septembre pose aussi d'autres problèmes : en effet, comment préparer sereinement cet oral à l'heure actuelle, entouré par une maladie qui frappe peut-être vos proches ? Comment mobiliser son énergie en septembre quand, déjà, ces candidats devront se concentrer sur la reprise des classes et la préparation de leur rentrée scolaire ? Comment accepter d'être absent dans les premières semaines de septembre dans un établissement qui aura grand besoin de ses équipes pour assurer son redémarrage après ces semaines si spéciales de confinement ? Enfin, comment rester motivé pour préparer, déjà, les nouveaux dossiers d'inscription pour l'éventuelle session 2021, au cas où, à l'arrivée, on ne serait pas reçu au concours (les premières démarches s'effectuant dès octobre, et plusieurs épreuves écrites pouvant avoir lieu avant décembre 2020 pour certaines disciplines) ?
La création d'une pétition en ligne a suivi les annonces du ministre, et a réuni d'ores et déjà plus de 5000 signatures.
Pour le SNCL, le ministère doit revoir sa copie concernant ces candidats, et accepter de décider dès à présent de leur sort sur la base des résultats écrits, comme il s'apprête à le faire pour les candidats aux concours externes n'ayant pas encore composé. Un entretien oral pourrait venir confirmer cette décision en fin d'année scolaire prochaine, sur le modèle de ce qui sera proposé au printemps 2021 aux stagiarisés de la rentrée.
Si le ministère persiste dans son projet, il doit a minima clarifier dès à présent les règles de titularisation (et d'affectation pour les candidats concernés) de ces admissibles en 2020. Le SNCL demande à ce que les effets indiciaires, les salaires et la durée de carrière soient rétroactivement appliqués au 1er septembre 2020 pour les admis par concours interne, quel que soit la date finale d'obtention de leurs résultats.
Enseignants candidats aux concours externes, pour eux aussi la galère
Ce ne sont pas les plus nombreux des candidats, mais ils sont pourtant aussi concernés par le grand chamboulement des règles des concours cette année. Les collègues qui, déjà en poste mais n'ayant pas cumulé les cinq années d'ancienneté nécessaires, tentent les concours externes, parfois dans le cadre d'un congé de formation professionnelle.
En effet, ceux qui disposent d'ores et déjà de résultats écrits peuvent avoir vu les oraux de leurs disciplines maintenus au début de l'été : pour autant, il est évident que le contexte du confinement et le travail à distance à assurer avec les élèves (sans soutien universitaire qui plus est) n'auront pas permis à ces candidats de se préparer dans les meilleures conditions.
En conséquence, le SNCL demande un relèvement du nombre d'admis dans les disciplines concernées, et la constitution de listes complémentaires plus fournies afin, par exemple, de compenser à la rentrée 2021-2022 les postes qui seraient finalement non pourvus en fin d'année scolaire 2020-2021.