14 (suite)
Les élèves qui choisissent une orientation en Lycée professionnel à la fin de la classe de cinquième ou de quatrième pourront bénéficier d’un dispositif de rattrapage similaire si leur niveau le nécessite.
15 Il faut recréer, pour les élèves et les personnels de bonnes conditions matérielles de travail et de sécurité, conditions indispensables à une scolarité profitable.
Dans ce but, les Conseils Généraux construiront des collèges à «taille humaine» adaptés à l’âge des jeunes adolescents qu’ils accueillent. La norme de 600 élèves maximum sera retenue.
Les établissements trop importants seront partitionnés et les secteurs scolaires seront progressivement modifiés pour que les collèges dont l’effectif est supérieur à 600 atteignent rapidement cette norme.
16 Le «brassage social» demeure un principe républicain essentiel qui prépare l’insertion sociale et professionnelle. Sachant qu’il est de plus en plus illusoire de vouloir l’imposer en raison de l’existence même de l’enseignement privé et de la disparition de la carte scolaire, tout doit donc être fait pour le favoriser.
Le renforcement de la sécurité dans les établissements, la scolarisation dans des structures adaptées des jeunes en situation de refus scolaire, la mise en place de classes semi-hétérogènes liées aux dispositifs lourds de rattrapage, une répartition plus équitable des langues vivantes et des options rares (surtout les plus valorisantes), la mise en valeur des réussites constatées sont seules susceptibles de faire baisser le nombre des demandes de dérogation et des départs vers l’enseignement privé.
Il faut également favoriser la nomination, dans les établissements actuellement les plus difficiles, de personnels motivés et volontaires. Ce volontariat devra être suscité par l’attribution d’avantages qui seront attribués en moyens supplémentaires et non au détriment des autres personnels. On évitera ainsi les effets très souvent désastreux de l’affectation autoritaire de jeunes collègues sans expérience sur les postes les plus difficiles.
17 La consolidation des connaissances instrumentales de base acquises à l’Ecole s’effectuera de façon dégressive, de la 6ème à la 3ème. A l’inverse, la préparation aux grands choix de l’orientation donnera lieu à une montée en charge progressive.
18 Les enseignants du Collège, comme ceux des Ecoles et ceux des différents types de Lycées, seront spécialement formés pour pouvoir assumer les spécificités de leur mission dans le type d’établissement où ils exercent. Cet aspect essentiel a trop longtemps été négligé.
Dans tous les cas, la professionnalisation du métier sera renforcée.
19 La concertation des enseignants, indispensable à tout travail en équipe ainsi qu’à la mise en place rapide d’actions de soutien et à l’intervention efficace d’équipes pluriprofessionnelles, sera intégrée dans l’obligation actuelle de service des professeurs.
Il en sera de même de l’heure de vie de classe et du suivi des élèves (entretien individualisé d’orientation, PPRE,etc).
Le service des enseignants sera de 15 heures de cours, d’études dirigées et de 3 heures de concertation, d’heure de vie de classe et de suivi individualisé des élèves.
Le service des Agrégés enseignant en Collège sera aménagé de façon à permettre l’intégration de la concertation dans leur service actuel de 15 heures en présence des élèves.
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Ces analyses et propositions ne prétendent pas à l’exhaustivité. Elles sont formulées par des enseignants qui, au quotidien, vivent les attentes et la diversité croissante de leurs élèves. Des enseignants qui subissent la difficulté de plus en plus grande d’exercer leur métier et qui mesurent chaque jour les ravages que l’absence de mesures adaptées provoque.
Les enseignants de Collège estiment que le temps n’est plus aux simples déclarations d’intentions ou aux mesurettes mais bien aux décisions novatrices et courageuses.
Certaines de nos propositions vont à contre-courant de bien des dogmes ou d’idées à la mode. Elles seront donc considérées par certains comme «pédagogiquement» inadaptées ou «politiquement incorrectes». Mais l’important n’est pas là.
Notre démarche est exclusivement guidée par un triple objectif : améliorer la qualité de l’enseignement et de la formation dispensés aux élèves, le fonctionnement du service public d’éducation pour assurer sa pérennité et son développement, les conditions de travail des élèves et enseignants pour leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes.
Le «Collège unique» conçu en 1975 n’est plus qu’une illusion ; la question n’est donc plus de savoir s’il faut le garder ou le changer mais de définir rapidement ce que l’on doit reconstruire à sa place.
Il faut avoir le courage d’ouvrir le dossier et vite, de débattre publiquement et honnêtement dans l’intérêt des jeunes qui nous sont confiés et qui constituent l’avenir de notre pays, notre avenir.