Depuis plusieurs semaines en effet, les syndicats ont déserté les tables de négociation pour dénoncer l’absence totale de dialogue social dont fait preuve le gouvernement, notamment dans la conduite de la réforme des retraites.
Ce plan fait d’abord office de surprise, tant il diffère des hypothèses défendues jusque-là rue de Grenelle. La revalorisation inconditionnelle, dite « socle » reposera essentiellement sur le doublement de l’ISAE/ISOE. Le SNCL se réjouit de cette mesure qui répond à une revendication que nous portions de très longue date, et que nous avions réitérée en septembre dernier devant le cabinet du ministre, sans avoir rencontré un accueil favorable à l’époque. Il faut croire que le contexte social a changé la donne !
La hausse de l’ISOE s’accompagnera d’une augmentation de la prime d’attractivité pour les débuts de carrière, comprise entre 42 et 127 euros nets par mois. Bien que le SNCL soit satisfait de l’extension de cette prime aux professeurs stagiaires et comprenne l’intérêt pour le ministère de concentrer ses efforts sur les jeunes enseignants et de procéder par prime plutôt que par hausse de salaire (ce qui lui épargne quelques cotisations professionnelles…), il regrette que cette mesure ne s’accompagne pas d’une revalorisation indiciaire des échelons plus avancés des professeurs certifiés et agrégés. En l’état, le ministère s’arrête à mi-chemin, concédant un net coup de pouce sur l’entrée dans le métier, mais rien pour les milieux et fin de carrière, provoquant inévitablement un tassement par le centre des niveaux de rémunération. Dans tous les cas, nous restons très loin des 10% d'augmentation inconditionnelle promis pendant la campagne présidentielle.
"Sans révision indiciaire de l’ensemble des grilles, [...] les personnels lésés y verront à juste titre une nouvelle marque de mépris"
Ce tassement révèlera très vite des effets pervers, mettant à rémunération quasi égale des collègues ayant pourtant des durées de service et des diplômes très différents… Sans révision indiciaire de l’ensemble des grilles, c’est alors un sentiment d’injustice qui prévaudra, et les personnels lésés y verront à juste titre une nouvelle marque de mépris pour leur engagement.
Concernant les accélérations des promotions et la facilitation d’accès aux plus hauts grades, le SNCL reçoit positivement les premières précisions chiffrées détaillées dans le dossier de presse. Il demande néanmoins à ce que ces engagements fassent l’objet d’une sécurisation via un plan décennal contraignant, y compris pour les prochaines mandatures, pour que de telles promesses ne soient pas abandonnées au gré des alternances politiques, comme nous l’avons déjà connu par le passé.
Le SNCL constate également que le ministère a revu à la baisse son ambition de mieux payer les professeurs contractuels : les 200 euros annoncés en mars ne sont plus que 100 euros, voire moins, à l’arrivée. Ce revirement est inacceptable, tout particulièrement dans le contexte tendu de bas salaire et de défaut de recrutement que connaissent les académies actuellement.
"Ce sont les mêmes qui se trouvent mis de côté par la revalorisation du socle qui auront le moins intérêt à signer le PACTE"
Quant au « PACTE », le SNCL s’inquiète du caractère encore très vague et instable du dispositif. Les syndicats découvrent aujourd’hui par voie de presse que ce pacte sera finalement fractionnable en trois paliers, tandis que les nombreux exemples d’activités éligibles sont au mieux étonnants, au pire irréalistes. Si le ministère n’est pas capable à ce jour de préciser clairement ses intentions à ce niveau, c’est probablement que la mise en place du PACTE dès septembre prochain (avec les premiers arbitrages en établissement d’ici un mois !) est prématurée. Une chose reste certaine néanmoins : le niveau de rémunération des activités du PACTE sera financièrement moins intéressant que celui des heures supplémentaires traditionnelles pour les collègues les plus avancés dans la carrière ou les professeurs agrégés.
Ce sont donc les mêmes qui se trouvent mis de côté par la revalorisation du socle qui auront le moins intérêt à signer le PACTE : pour le SNCL, c’est une double peine inadmissible !
Le SNCL salue l’effort financier et les ajustements de raison concédés par le ministère dans cette mouture, mais dénonce la double peine infligée aux collègues les plus avancés dans la carrière. Il exige que ce plan s’accompagne d’une revalorisation indiciaire des échelons de fin de classe normale et de hors classe, et rappelle que cet effort financier ne pèsera rien s’il n’est pas suivi d’un dégel continu du point d’indice afin d’absorber la perte de pouvoir d’achat des fonctionnaires, engendrée par l’inflation.
Lire aussi : notre Questions & Réponses sur le plan définitif de revalorisation, ici !