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Budget 2025 : quel sort pour l'Éducation nationale ?

Budget 2025 : quel sort pour l'Éducation nationale ? - SNCL

Après les rebondissements incessants des derniers mois, que contient en définitive ce budget pour l’Éducation nationale ? Si certains reculs largement médiatisés ont été évités, l'enveloppe globale est pourtant en baisse... 

Après le recours à l’article 49.3 par François Bayrou lundi 3 février, puis l’échec des motions de censure, le Projet de loi de finances pour 2025 a été définitivement adopté par le Sénat jeudi 6 février. Que le pays dispose enfin d’un nouveau budget est sans conteste une nouvelle rassurante. Mais quels sont les arbitrages finaux pour nos métiers ? 

 

Une offensive contenue mais bien réelle contre les fonctionnaires

Si le projet injuste des trois jours de carence pour les fonctionnaires a dû être abandonné par le Premier Ministre, ce qui était l’une des conditions pour s’assurer de l’abstention des socialistes lors du vote de la motion de censure, des reculs importants sont tout de même à déplorer.

D’abord, la baisse du financement des congés maladies de 100 % à 90 % a bien été actée. Cette baisse n’est certes pas insurmontable pour des arrêts maladies de quelques jours, mais elle peut se révéler sérieusement pénalisante pour des arrêts de plus longue durée. Surtout, il est regrettable et dangereux de s’attaquer à l’un des rares avantages de la fonction publique à l’heure où celle-ci subit une crise d’attractivité majeure. D’ailleurs, l’argument qui sous-entend cette réforme – si les fonctionnaires perdent du salaire, « ils y réfléchiront à deux fois avant de tomber malade » – témoigne du mépris qu’ont pour nous ses défenseurs.

Par ailleurs, ce nouveau budget entérine le gel du point d’indice, relançant ainsi le décrochage salarial par rapport à l’inflation qui a pénalisé les fonctionnaires durant les deux dernières décennies, et qui rendra bientôt caduques les récentes et modestes revalorisations concédées.

Enfin, la GIPA (Garantie Individuelle de Pouvoir d’Achat) n’échappe pas non plus aux restrictions budgétaires : déjà supprimée de manière soudaine fin 2024 par l’ancien ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian, elle n’apparait pas au budget de 2025.

Si le contexte actuel impose sans doute de faire des économies, le SNCL considère qu’il est irresponsable de les faire peser à la Fonction publique dans un contexte de désaffection déjà profonde des carrières qu’elle a à offrir. Derrière la question de l’attractivité, c’est bien la pérennité d’un service public de qualité, déjà mise à mal, qui est en jeu.

 

Les 4 000 postes d’enseignants maintenus par un tour de passe-passe

François Bayrou s’y était engagé et la promesse est tenue : les 4 000 postes d’enseignants, qui devaient être supprimés dans le projet de loi de finance défendu par Michel Barnier, sont finalement rétablis. Mais à quel prix ?

En réalité, les 50M€ d’économies que devaient permettre cette mesure ont été bel et bien déduits du nouveau budget. Simplement, ils l’ont été sur un autre programme budgétaire, celui du « soutien de la politique de l’Éducation nationale », regroupant un faisceau de mesures destinées à mieux accompagner les enseignants. Les 4 000 postes d’enseignants sont ainsi rétablis, mais à budget constant. De quoi nuancer la valeur de cette promesse tenue.

Signalons aussi le maintien de la création de 2 000 postes d’AESH, hausse nécessaire bien qu’encore insuffisante pour faire face au besoin d’accompagnement toujours croissant des élèves en situation de handicap.

 

Un budget globalement en baisse pour l’éducation

En dépit de ces avancées en demi-teinte, le budget global de la mission enseignement scolaire est bel et bien en baisse de 225 M€ par rapport au PLF soumis par Michel Barnier en octobre 2024. Voici en détail les baisses budgétaires réparties selon les différents programmes :

• -21,4 M€ pour le premier degré,

• -69,4 M€ pour le second degré,

• -19,9 M€ pour l’enseignement privé du premier et du second degrés,

• -18,9 M€ pour l’enseignement technique agricole,

• -32,8 M€ pour le programme vie de l’élève,

• -62,8 M€ pour le programme soutien de la politique de l’Éducation nationale.

Ces restrictions budgétaires se répercutent notamment sur la formation des enseignants      (-50M€), sur des dépenses transversales dont le contenu précis reste pour l’instant obscure     (-170M€) ou encore sur une baisse de dotation pour l’opérateur public en charge de l’orientation, l’Onisep (-5M€). Les opérateurs Canopé et le CEE (Conseil d’évaluation de l’école), pendant un temps sur la sellette, sont finalement épargnés.

 

Si le SNCL salue les efforts concédés dans le cadre de la négociation politique, il ne peut se satisfaire d’une baisse globale du budget de l’Éducation nationale ni de mesures qui viennent dégrader plus encore la Fonction publique. À l’heure où celle-ci vit l’une de ses plus graves crises d’attractivité, notamment dans le secteur de l’éducation, ces calculs comptables ne semblent clairement pas à la hauteur des enjeux.

Nous appelons ainsi à rouvrir les négociations sur des mesures susceptibles d’améliorer l’attractivité de nos métiers : la réforme de la formation des enseignants, avec une rémunération dès l’année de L3, la réduction des effectifs par classe, et une revalorisation salariale pour les personnels en milieu et fin de carrière. Ces mesures cruciales sont les seules à même d’inverser la baisse en chute libre du nombre de candidats se présentant aux concours d’enseignants. Sans cela, il paraitra en effet bien illusoire d’avoir sauvé 4 000 postes, si plus personne ne souhaite les occuper.