Home » NOS DOSSIERS » La réforme des lycées : encore un rafistolage !

La réforme des lycées : encore un rafistolage !

La réforme des lycées : encore un rafistolage ! - SNCL

Le lycée réformé subit encore une modification avec l'instauration d’une épreuve anticipée de mathématiques. Réponse au décrochage des lycéens dans cette discipline, elle interroge : que reste-t-il encore de la réforme du lycée ?

La réforme des lycées portée par Jean-Michel Blanquer ancien ministre de l’Éducation nationale visait à moderniser le lycée général et technologique pour mieux préparer les élèves à l’enseignement supérieur et au monde professionnel. Or depuis sa mise en place, elle ne cesse d’être modifiée à un point tel qu’on est en droit de se poser la question : que va-t-il rester de cette réforme et était-il vraiment nécessaire de réformer le lycée de cette façon ?

 

Pour rappel, quelles étaient les grandes lignes de la réforme ?

La suppression des séries L, ES et S et la réorganisation du baccalauréat général en un tronc commun et des enseignements de spécialité choisis par les élèves afin de personnaliser les parcours.

Un tronc commun allégé ou réduit (français, philosophie, histoire-géographie, langues vivantes, etc.) auquel s’ajoutent trois spécialités en première, puis deux en terminale.

La mise en place du contrôle continu représentant une part importante de la note finale du bac et censé valoriser le travail régulier… en réalité cela a favorisé et encouragé les pressions sur les enseignants !

Depuis sa mise en place plusieurs ajustements ont été apportés allant jusqu’à la suppression de pans entiers du texte, comme la disparition des E3C (Contrôles ponctuels en Cours de Formation) ou encore le fameux Plan Local d’Evaluation qui n’aura duré qu’un an !

Il en va de même en ce qui concerne les dates de passage des épreuves de spécialité, prévues en mars de chaque année, elles ont finalement été déplacées en juin avec la philosophie et le Grand Oral, ce qui ne permet plus leur prise en compte dans Parcoursup.

Peu à peu la réforme est ainsi détricotée et cette aujourd'hui ce sont les mathématiques qui sont concernées. La réforme les avait fait disparaître du tronc commun avec les conséquences que nous connaissons sur le niveau de nos élèves.

 

Décrochage des élèves en mathématiques depuis la réforme du lycée 

Avec la réforme, les mathématiques au lycée se déclinent donc de la manière suivante :

La Spécialité Mathématiques que les élèves peuvent choisir en première et en terminale, spécialité recommandée pour ceux qui souhaitent poursuivre des études scientifiques, d’ingénierie, d’économie ou dans d’autres domaines nécessitant une solide formation en mathématiques.

Les Mathématiques Complémentaires ou Expertes : pour les élèves qui ne prennent pas la spécialité Mathématiques en terminale, des options existent comme les « Mathématiques complémentaires » (pour ceux qui ont abandonné la spécialité en terminale mais veulent garder un niveau correct) ou les « Mathématiques expertes » (pour ceux qui veulent approfondir davantage). Mais ce ne sont que des options, qui ne sont donc pas obligatoires.

Toutes ces conséquences, le SNCL les avait prévues et annoncées dès la mise en place de la réforme : le tout conduisant à une baisse préoccupante du niveau des élèves dans cette matière.

C’est bien la réforme Blanquer qui est à l’origine de la situation que nous connaissons aujourd’hui en supprimant l’ancienne filière scientifique et en faisant disparaître les mathématiques du tronc commun ! Mais ne nous voilons pas la face, il est vrai qu’il est aussi difficile de recruter des professeurs de mathématiques, les étudiants actuels se tournant vers d’autres voies professionnelles beaucoup plus attractives que le professorat…

De nombreux élèves se sont donc complétement détournés des mathématiques, créant un véritable fossé entre ceux qui choisissent d’approfondir la matière et ceux qui ne suivent plus d’enseignement dès la classe de première.

 

Une réaction tardive : l'épreuve anticipée de mathématiques

Il aura fallu attendre 2025 pour que le ministère réagisse et annonce la création d’une épreuve anticipée de mathématiques.

Cette épreuve s’adresse à l’ensemble des élèves des classes de première des voies générale et technologique. Elle est censée rétablir le niveau de mathématique des élèves dans le cadre du baccalauréat. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?

 

Le SNCL a pu recueillir quelques informations sur ce que serait cette nouvelle épreuve anticipée qui s’ajouterait donc à l’épreuve anticipée de français, informations que nous mettons au conditionnel puisque des arbitrages sont encore en cours à l’heure où nous publions cet article :

Cette épreuve aurait une durée totale de deux heures.

Elle devrait entrer en vigueur pour la session 2026 du baccalauréat.

L’épreuve devrait avoir lieu après la mi-juin afin de permettre aux élèves de travailler l’ensemble du programme de la classe de première sur lequel ils seront évalués.

L’épreuve comporterait deux parties :

- une première partie notée sur 8 points.

- une seconde partie notée sur 12 points, dont l’énoncé du sujet portera sur le programme de mathématiques étudié par l’élève lors de son année de classe de première.

 

Si l’idée semble d’emblée intéressante afin de revenir sur l’aberration de la suppression pure et simple, cette nouvelle épreuve ne fait pas l’unanimité ni chez les professeurs qui expriment des doutes quant à la faisabilité de cette épreuve anticipée ni chez les élèves qui s’inquiètent de la charge de travail supplémentaire que cela induirait en classe de première.

Le constat du SNCL est le même depuis le début : la réforme a été mise en place trop rapidement et sans réelle concertation. Il faut prendre son temps lorsqu’il s’agit d’éducation et les réformes précipitées finissent toujours par être plus nocives que bénéfiques !

Notre syndicat continuera de suivre de près le projet - Restés informés, rejoignez-nous !