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Présentéisme des professeurs : finissons-en avec les idées reçues

Présentéisme des professeurs : finissons-en avec les idées reçues - SNCL

Non, les professeurs ne sont pas toujours absents. Non, ils ne sont pas plus absents que les autres salariés ; ils le sont même moins, secteurs public et privé confondus. Le SNCL le démontre une fois de plus, chiffres à l'appui.

Vous aussi, vous avez dans votre entourage quelqu'un qui, comme notre nouvelle ministre, rejette immédiatement tous les problèmes d'éducation en France sur le dos des enseignants du public, toujours absents ?

Voici quelques clés pour en terminer avec ces polémiques.

 

Un premier ordre de comparaison

Si on observe la part des salariés constatés absents au moins un jour au cours d’une semaine donnée pour raison de santé dans les différents secteurs de la fonction publique ou du privé, on obtient des résultats relativement identiques et cohérents d’année en année, au moins depuis 2014 et jusqu’en 2020, et dans ces chiffres les enseignants sont toujours très bien classés, sinon les mieux classés, comme les plus présents de tous les travailleurs. À partir de 2021, la crise Covid 19 et ses suites ont un net effet d’augmentation des absences pour raison de santé qui n’épargne aucun secteur mais qui affecte davantage les professeurs, plus fortement exposés à la contamination que d’autres corps de métier. Malgré cela, les enseignants restent encore bien moins absents que d’autres catégories en 2022 :

 

% de salariés absents pour raison de santé 1 jour sur une semaine donnée en 2014

 

Fonction publique d’État (hors enseignant) : 3%

Enseignants : 3,1 %

Secteur privé : 3,8 %

Fonction publique territoriale : 4,2 %

Fonction publique hospitalière : 4,6 %

 

De 2015 à 2021, les enseignants sont restés systématiquement moins absents (entre 2,4% et 3,7%) que les salariés du privé (entre 3,8% et 5,2%).

 

Même observation, cette fois-ci en 2022 :

 

Fonction publique d’État (hors enseignant) : 4,7 %

Secteur privé : 5,3 %

Enseignants : 5,5 %

Fonction publique territoriale : 7,7 %

Fonction publique hospitalière : 7,8 %

 

On voit donc qu’il aura fallu la crise Covid pour que pour la première fois, les absences des enseignants du public dépassent tout juste la moyenne des absences constatées dans le secteur privé. Et cela ne les empêche pas de rester loin derrière les taux d’absence des autres fonctions publiques. Les enseignants restent donc en moyenne les plus présentéistes des fonctionnaires. 

 

Des absences pour raison professionnelles

 

Néanmoins, le préjugé reste fort à l’encontre des enseignants, et ceci pour deux raisons :

 

-       Les enseignants subissent plus d’absence pour raison professionnelle que les autres agents de la fonction publique.

-       L’absence d’un seul agent sur une journée peut entrainer une perte d’heure de cours pour plus de 150 élèves, impactant de façon visible autant de familles. A l’inverse, l’absence d’un employé de service, ou d’un agent de la fonction hospitalière ou territoriale ne sera pas aussi immédiatement visible pour les usagers.

 

Les absences pour raison professionnelle des enseignants sont dues à des journées de stages (87% des absences), à des préparations d’examens et concours (11%) ou des congés de formation (2%). Les accompagnements pour sortie scolaire ou activités extra-scolaires, qu'on pointe souvent du doigt, sont en réalité presque invisibles dans ces statistiques, tant elles pèsent peu comparativement aux autres natures d’absence. Et malgré tout cela, le nombre moyen de jours d’absence par an pour raison professionnelle reste de 1,6 jours par an et par agent de catégorie A, et de 3,1 jours par an pour les agents de catégorie B, des chiffres plus que raisonnables.

Mais alors, pourquoi continue-t-on d’entendre que les professeurs sont toujours absents ?   

 

Eh bien principalement par cet effet grossissant évoqué ci-dessus : l’absence même courte d’un seul professeur sera visible pour des centaines d’élèves et leurs familles, pouvant impacter significativement jusqu'au bon fonctionnement d'un établissement scolaire tout entier, tout particulièrement dans les écoles du premier degré…

 

Comment remédier à ce problème ?

 

Et c’est là que les propos de la ministre de l’Éducation nationale sont d’autant plus inacceptables : notre ministère dispose théoriquement déjà d’outils pour répondre aux difficultés des remplacements de courte durée dans le premier comme dans le second : il s’agit des brigades de remplacement (premier degré) et des titulaires sur zone de remplacement (TZR) dans le second degré. Ces deux catégories de personnels, en théorie surnuméraires, devaient initialement permettre de remplacer au pied levé tout professeur absent dans leur secteur d’affectation. Toutefois, depuis de nombreuses années, le ministère sollicite ces viviers dès la rentrée pour masquer la pénurie d’enseignants. Affectés dès le 1er septembre sur des blocs de moyens provisoires ou des remplacements à l’année, ces personnels ne sont plus disponibles en cours d’année lorsque les besoins ponctuels apparaissent. Le ministère est donc responsable de la situation qu’il feint de déplorer en refusant d’organiser un plan ambitieux de recrutement à ce niveau et d’anticiper les besoins sur un rythme triennal ou quinquennal. En trainant les pieds en matière de revalorisation salariale, il entretient également la baisse des viviers de candidats aux concours, misant sur la seule contractualisation, moins coûteuse, comme variable d’ajustement.

 

Le SNCL revendique un recrutement de personnels de remplacement à la hauteur des besoins, l’ouverture de postes d’enseignants partout où les besoins sont pérennes, conformément au code de l’éducation, et une revalorisation salariale conséquente sur l’ensemble de la carrière afin de relever l’attractivité de nos métiers.